Conférence de presse sur les atteintes aux droits des étranger·es par la préfecture de l’Isère

Ce lundi 12 mai, j’ai tenu à la permanence parlementaire de Voiron (venez m’y rencontrer !) une conférence de presse commune avec l’ADA (Accueil des Demandeurs d’Asile en Isère), Amnesty International et la Cimade portant sur les atteintes aux droits des personnes étrangères par la préfecture de l’Isère.

À cette occasion, quelques unes des personnes qui nous ont sollicité sur les difficultés auxquelles elles font face lors du renouvellement de leur titre ou de celui d’un proche ont pris la parole pour exprimer leur indignation face au traitement qu’ils et elles subissent.

Je vous transmets ci-après le message de l’un d’entre-eux :


« Je m’appelle S. , je suis arrivé en France pour faire mes études. J’ai obtenu mon
diplôme il y a un an, et en juin 2024, je me suis marié avec une Française avec qui je
suis en couple depuis trois ans.

En décembre 2024, j’ai déposé une demande de titre de séjour en tant que conjoint
de Française. Depuis, je n’ai toujours aucune réponse, malgré plusieurs relances à la
préfecture. On attend, on attend… mais rien ne bouge.

Cette situation est très difficile à vivre. Avec ma femme, on ne peut pas avoir une vie
normale. On veut avancer, acheter un appartement, construire notre avenir, avoir des
enfants… mais on est bloqués à cause de l’absence de réponse. On vit dans
l’incertitude, dans l’angoisse. On ne sait pas ce que demain nous réserve.

Je suis diplômé depuis un an, mais je ne peux même pas travailler, parce que je n’ai
pas de titre de séjour. Je me sens inutile, mis de côté, alors que je ne demande qu’à
m’intégrer, à participer, à vivre ma vie ici, avec la femme que j’aime et avec qui je
partage ma vie depuis trois ans.

On aimerait aussi pouvoir voyager, aller voir nos familles à l’étranger, mais sans
papiers, c’est impossible. C’est comme si on était en pause forcée, dans une attente
qui n’en finit pas.

Je ne comprends pas pourquoi ça prend autant de temps. Ce silence nous empêche
de vivre. J’espère que mon témoignage permettra de faire entendre la voix de tous
ceux qui, comme moi, attendent simplement qu’on les traite avec un peu plus
d’attention et d’humanité
. »


Cette détresse, ils et elles sont des centaines à la partager. Nous avons reçu des personnes de toutes les origines, de toutes les classes sociales, de tous les âges. Un octogénaire, présent depuis 60 ans en France légalement, qui s’est retrouvé du jour au lendemain sans titre de séjour ; des ressortissants des États-Unis et d’Angleterre, qui attendent depuis des mois leur titre de séjour en ayant remis l’ensemble des documents dans les délais ; des familles entières, qui ont par la même occasion perdu l’ensemble des allocations auxquelles elles ont droit, des chef·fes d’entreprise, etc…

Face à ces problèmes qui ne semblent pas s’améliorer, j’ai envoyé début avril un courrier à la préfète pour l’alerter sur la situation de ces personnes, qui ont l’ensemble des documents leur permettant de vivre en France légalement et se retrouvent malgré tout dans une profonde précarité. Il est jusqu’à aujourd’hui resté sans réponse.