Retrouvez ici le discours que prononcé par Sandrine Nosbé à l’occasion de la cérémonie qui a eu lieu à Saint-Antoine-l’Abbaye le lundi 11 novembre 2024 :
Mesdames, Messieurs, chers amis,
Nous voici rassemblés aujourd’hui, comme chaque année, pour commémorer ensemble ce 11 novembre, journée de mémoire et de respect, en souvenir de celles et ceux qui ont sacrifié leur vie, leur jeunesse, leurs espoirs. Quiconque prend le temps de s’arrêter devant un monument aux morts dans un village ne peut qu’être glacé d’effroi en lisant les noms de ces hommes, pour la plupart très jeunes, morts au combat.
Nous honorons la mémoire des soldats tombés pour défendre la patrie, et, derrière eux, la mémoire des familles brisées, des femmes et des enfants laissés sans père, des villages et des villes marqués à jamais par les cicatrices de cette guerre. C’est un moment pour se souvenir des souffrances endurées et des vies brisées par des conflits absurdes, déclenchés par des appétits de domination et des rivalités de puissances.
Mais au-delà de l’émotion, au-delà du recueillement, nous devons aussi tirer des leçons. Le passé nous parle ; à nous de savoir écouter ce qu’il a à nous dire. La guerre de 14-18 est l’exemple de ce qu’il advient lorsque l’on prépare la guerre. Si l’on prépare la guerre, la guerre nous frappe. Si l’histoire a retenu qu’un événement contingent a mis le feu aux poudres, nous devons nous souvenir que cette première grande guerre de notre modernité fut le fruit d’une montée progressive des tensions entre Nations luttant pour le partage du monde et qu’elle fut précédée par une course à l’armement.
Cela résonne particulièrement aujourd’hui. À la chute du mur de Berlin, nombreux furent ceux et celles qui crurent que c’était la « Fin de l’histoire », pour reprendre le titre d’un livre de Francis Fukuyama. Et pourtant, l’histoire continue. Alors que la chute du mur devait apporter la paix, les guerres n’ont cessé de se multiplier, si bien qu’aujourd’hui nous sommes à nouveau menacés par un embrasement général, que ce soit au Proche-Orient, sur le front ukrainien, ou bientôt dans la zone indo-pacifique avec la montée des tensions entre les États-Unis et la Chine.
Je profite donc de ce jour pour rappeler que la paix doit être notre boussole constante, et nous n’aurons la paix que si nous cherchons à l’obtenir. Clausewitz, un officier général allemand reconnu pour son travail théorique sur l’art militaire, disait : « La guerre, c’est la continuation de la politique par d’autres moyens ». Ainsi, si nous voulons régler le problème des guerres, nous devons constamment chercher à remplacer le champ de bataille par la diplomatie. Cessez-le-feu et diplomatie doivent être nos mots d’ordre constants. En cela, le droit international, dont l’ONU est la garante, doit être notre boussole.
Mais j’en appelle également à la vigilance citoyenne, à l’engagement des peuples pour refuser la violence, l’injustice et la domination. Nous rendons hommage aux combattants et aux martyrs, mais nous devons aussi honorer cet engagement en luttant aujourd’hui contre toute forme de résurgence de la haine et du rejet de l’autre.
Et c’est ensemble, dans l’unité, que nous pourrons bâtir un monde de paix. Car le souvenir des anciens nous impose une responsabilité envers les générations futures. En cet instant, devant ces monuments aux morts, pensons à l’avenir. Pensons à ceux qui viendront après nous et à qui nous devons transmettre non seulement la mémoire du passé, mais aussi l’espoir d’un monde meilleur, plus juste et solidaire.
Vive la République, vive la France.
Merci.