Adresse de Sandrine Nosbé, députée LFI-NFP aux organisations agricoles de l’Isère
Le vote de la motion de censure le 4 décembre suscite un certain nombre d’interrogations et d’inquiétudes dans le monde agricole et celles-ci sont légitimes, car beaucoup d’annonces faites au fil des derniers mois ont grandement tardé à être suivies d’effets.
Le décaissement des avances de trésorerie, la mise en œuvre de certaines mesures de soutien aux éleveurs affectés par les épizooties, ou encore la réforme du mode de calcul des retraites agricoles sont attendus depuis des mois ! Les retards de paiement d’un certain nombre d’aides prévues au titre de la PAC s’accumulent depuis près de deux ans dans certains départements, et mettent des centaines d’exploitations en danger.
Nous savons à quel point les agriculteurs ont souffert de crises sanitaires ou climatiques répétées. Nous savons aussi qu’ils souhaitent nourrir nos concitoyens avec des productions de qualité, vivre dignement de leur travail, et se voir protégés de la concurrence déloyale des produits à bas coût importés du monde entier.
Le choix de voter la censure de ce gouvernement procède notamment, pour les député.e.s de notre groupe, de la volonté de transformer durablement, et structurellement, les politiques agricoles actuelles, qui conduisent à la disparition de 10 000 fermes chaque année.
Le budget du gouvernement Barnier entendait couper le budget consacré à l’agriculture de 400 millions d’euros quand bien même la majorité des députés avaient voté pour l’augmentation de 830 millions en commission. La censure empêche cette baisse des dépenses agricoles.
Le gouvernement Barnier souhaitait l’adoption de la Loi d’orientation agricole votée au printemps, en dépit de ses manques criants : l’accès au foncier pour les installants n’est pas amélioré, les revenus et la protection sociale ne sont pas protégés, la structuration des filières ne trouve aucun moyen nouveau.
Cette censure rappelle aussi au président Macron que la politique qu’il conduit à Bruxelles depuis sept ans n’a fait qu’aggraver la fragilité de l’agriculture française face aux fermes usines américaines, ukrainiennes ou australiennes.
Nous sommes convaincus que le monde agricole mérite mieux que la politique de Macron.
La mise en œuvre des prêts de trésorerie garantis par l’État ne dépend pas du budget 2025 ; elle était programmée dans le budget 2024. Nous souhaitons son déploiement le plus rapide.
Le projet de loi de finances 2025 comportait un certain nombre de mesures fiscales, certaines positives à nos yeux, dont le vote et la mise en œuvre sont repoussés de quelques semaines supplémentaires. Le groupe LFI-NFP soutiendra leur inscription dans une loi de finances 2025, et les votera.
Nous nous opposons à la ratification de l’accord commercial entre l’UE et le bloc Mercosur depuis la relance des négociations, en 2019. Ils n’ont eu de cesse de dénoncer ce traité, qui va détruire l’élevage français et faciliter l’accès du marché européen à des aliments comportant des substances interdites ici.
La conclusion politique de cet accord ne nous fera pas taire. Nous serons mobilisés contre la signature du traité, à vos côtés, et jusqu’à la désobéissance si c’est nécessaire.
Enfin notre groupe porte des mesures fortes pour reconstruire une agriculture nourricière, souveraine, et rémunératrice :
• L’augmentation du budget dédié à l’installation-transmission.
• La revalorisation des retraites agricoles à hauteur du SMIC.
• La garantie de prix rémunérateurs, par l’encadrement des marges des industriels et de la grande distribution
• La protection de nos marchés face à toute concurrence déloyale
• La revalorisation des aides agroenvironnementales et un accompagnement véritable dans la transition agroécologique.
• L’anticipation réelle des crises sanitaires et des aléas climatiques, et des moyens nationaux adéquats pour indemniser les agriculteurs
Je reste à votre disposition pour discuter de tout cela.